Des Autochtones à l’assaut du marché immobilier

À Montréal comme à Vancouver, de plus en plus de groupes autochtones se lancent dans la construction de tours d'habitation. Que ce soit avec des velléités sociales ou pour des motifs pécuniaires, ces initiatives sont le reflet de la maturité économique de plusieurs nations autochtones qui n'hésitent pas à investir en dehors des communautés.

À l’entrée du centre-ville de Montréal, une tour en construction avec une arête en forme de canot en écorce de bouleau ne passe pas inaperçue. C’est le premier gratte-ciel construit par la nation crie.

Ironie de l’Histoire, le projet Odea de 100 M$ se situe le long du boulevard Robert-Bourassa, du nom de l’ancien premier ministre québécois à qui les Cris avaient dû tordre un bras (judiciairement parlant) pour recevoir des compensations financières dans le cadre de barrages en plein territoire cri, dans les années 1970.

Près de 50 ans après la signature de la Convention de la Baie-James avec Robert Bourassa, l'économie des Cris est florissante et la construction de la tour de 26 étages devrait être finie en juin 2024, indique à Espaces autochtones Derrick Neeposh, PDG de CREECO, la société d’investissement de la nation crie.
Créée dans la foulée de la signature de la Convention de la Baie-James, elle emploie directement et indirectement près de 1200 personnes (en majorité des Cris) vivant en zone nordique, à travers ses filiales comme Air Creebec (16 avions), CCDC qui construit actuellement deux écoles à Chisasibi, ou l'entreprise Valpiro (logistique aéroportuaire). Elle est aussi présente dans l’hôtellerie (Quality Inn de Val-D’Or) ou la restauration et l'entretien dans les camps de travailleurs (Gestion ADC).

Les actionnaires de CREECO sont les 20 000 Cris répartis dans dix communautés nordiques. Les activités de CREECO permettent de créer de la richesse dans les communautés et une partie de ses bénéfices sont redistribués pour aider les communautés cries dans l'implantation de projets et de programmes locaux (environ 10 M$ ont par exemple été distribués ces deux dernières années).

En partenariat avec Apatisiiwin Skills Development, un organisme de formation, CRECCO a aussi financé la formation de la main-d'œuvre crie à hauteur de 7 M$ depuis une douzaine d'années. Pas étonnant alors que le taux de chômage n’était en moyenne que de 8,5 % en 2021, selon Statistique Canada, l’un des meilleurs taux parmi les nations autochtones.
Mais ce qui occupe Derrick Neeposh actuellement, ce sont les ajustements à apporter à la composition de la tour Odea, construite en partenariat avec COGIR qui en détient 5 %. On examine actuellement les ratios entre les condos et les appartements à louer, afin d'optimiser les profits et augmenter ainsi notre capacité à financer les communautés ou à investir dans d'autres projets, résume M. Neeposh.

Pour et par les AutochtonesIntitulé Ho'-kee-melh Kloshe Lum (rassembler les bons esprits), le projet de 97 M$ situé à l’entrée du Downtown Eastside, à Vancouver, prévoit la construction de 170 logements (dont 25 supervisés) et un refuge de 80 lits. À l’inauguration, fin 2025, on y trouvera aussi un café et une boutique de réparation de vélos pour favoriser la réinsertion sociale et financer les services d'aide offerts sur place par le Centre d'amitié autochtone de Vancouver.

Les prix de vente de propriétés devraient se stabiliser dans les prochains mois

Quelques jours après la hausse du taux directeur de la Banque du Canada, l’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a décidé de revoir à la baisse ses prévisions pour la revente dans le marché résidentiel.

Une grande incertitude plane depuis que le taux directeur a atteint 5%, mercredi, après une pause sur les hausses de taux prise en juin. Une situation qui risque de ralentir des Canadiens dans leur souhait de s’acheter une maison, selon l’ACI. 

«Certains acheteurs vont probablement se replier, comme ils l’ont fait en 2022, pour attendre des signes supplémentaires de la part de la Banque du Canada et connaître les données sur lesquelles elle fonde sa politique», a estimé l’association. 

Si l’ACI revoit ses prévisions à la baisse, cela ne veut pas forcément dire que les prix vont suivre la même tendance, a-t-elle averti. Il faut plutôt en conclure que les prix vont se stabiliser ou progresser à un rythme plus lent lors des prochains mois. 

Les ventes résidentielles devraient augmenter de 11,2% en 2024 pour atteindre 516 072 propriétés, estime l’ACI.  

Entre 2023 et 2024, le prix moyen d’une propriété devrait connaître une hausse de 3% pour atteindre près de 723 250$. «Ainsi, on prévoit généralement une stabilisation des prix jusqu’à ce que les taux d’intérêt commencent à baisser», a souligné l’organisation.